Joseph, dit « Joseph Amédée » TAVERNE de TERSUD, écuyer, émigré en 1791, engagé dans l’armée des Princes, puis dans la cavalerie autrichienne, blessé à la bataille du Mancio (1814), chef d’escadron, lieutenant-colonel de cavalerie, entrepreneur en verrerie (1816-1825), 43ème puis 45ème Vénérable de la loge « L’Amitié et Fraternité » (1819-1823 & 1826-1827), Directeur du dépôt des étalons de Braine (Aisne) (1832-1837), chef de bataillon de la Garde Nationale de Braine, chevalier de l’ordre de Saint-Louis, chevalier de la légion d’honneur, est né à Lille, paroisse de la Madeleine le 18 décembre 1777. Il est le fils de Jean Nicolas TAVERNE de TERSUD, écuyer, capitaine au Régiment de la Marine, et de Agathe Amélie Joseph DE MADRE.
Acte de baptême : Lille, paroisse de la Madeleine
« Le dix neuf décembre 1777 je sousigné curé de cette paroisse aÿ baptizé Joseph né hier en légitime mariage de Messire Jean Nicolas TAVERNE de TERSUD, capitaine commandant au régiment de la marine infanterie, et de Dame Agathe Amélie Joseph DEMADRE, domiciliés rue des sœurs noires, ont été parain Messire Jacques Joseph Nicolas TAVERNE, écuÿer, seigneur d’Ernescure (Renescure), mondiver (Montdhiver) et Zegers Capel, ancien mousquetaire de la garde, lieutenant du roy d’Onzecotte (Hondschoote) et bourguemaître reignant des ville et territoire de Dunkerque, oncle paternel de l’enfant, représenté par Messire Louis Joseph DEMADRE, écuÿer, seigneur de Riboteceuil, et maraine Dame Margueritte Françoise Joseph DEMADRE, épouse de Messire Charles Albert LOISEL LE GAUCHER, écuÿer, seigneur de Neuvillette, tante maternelle de l’enfant, sousignés avec le père présent ».
DEMADRE
DEMADRE LEGAUCHER
TAVERNE de TERSUD
M. J. VERDIER curé
Lignée TAVERNE de TERSUD :
TAVERNE de TERSUD Joseph Amédée
° Lille, paroisse de la Madeleine 19 décembre 1777
Fils de TAVERNE de TERSUD Jean Nicolas, écuyer, capitaine commandant au régiment de la marine infanterie, bourgeois de Lille, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, adjoint au Maire d’Hazebrouck.
° Lille, paroisse St-Pierre, 10 mars 1740
x Lille, St-Étienne, 16 juin 1772 Agathe Amélie Joseph DE MADRE, Dame de Carluin, née à Lille, paroisse de la Madeleine le 17 octobre 1746, décédée à Hazebrouck le 4 novembre 1824, fille de Denis Joseph DE MADRE (Lille, St-Maurice 1706 – Lille, St-Étienne 1773), seigneur de Beaulieu et des Aulnois, bourgeois de Lille par relief du 7 juillet 1738, échevin, bailli de Roubaix de 1752 à 1773, conseiller du Mont-de-Piété, anobli par l’achat d’une charge de conseiller-secrétaire du Roi le 16 septembre 1772, et de Marie Françoise LE LONG (Lille, St-Étienne 1712-1764), Dame de Riboteceuil .
+ Hazebrouck 25 messidor An X (14 juillet 1802) à 2 heures de la nuit, 62 ans, adjoint au Maire. Témoins : les citoyens Louis Charles TAVERNE, rentier, fils du défunt, et Louis VELGHE, bûcheron, ouvrier du défunt, domiciliés à Hazebrouck.
Fils de TAVERNE de RENESCURE Jean Nicolas, écuyer, bourgeois de Lille par achat du 7 mai 1717, conseiller secrétaire du Roi en la chancellerie de Flandre en 1718, seigneur haut-justicier des terres et paroisse de Renescure par achat en 1720 à Anne Auguste de MONTMORENCY (1679-1745), marquis de Morbecque et comte d’Estaires.
° Dunkerque 10 octobre 1694 à 7 heures du matin
p. Maître Jean DAVERY, avocat au parlement et échevin de la ville d’Arras,
m. Damoiselle Thérèse VANDERMEERSCH, femme du Sieur Jean RICX.
x b) Lille, paroisse Ste-Catherine, 27 juillet 1726 Marie Anne Albertine VAN DER LYNDEN (Lille 1705-1754), fille de Claude Henri François VAN DER LYNDEN, chevalier, conseiller du Roi, trésorier de France à Lille.
+ Renescure (Nord) 29 août 1769, enterré dans la chœur de l’église.
« Concert en famille au château de Renescure »
Auteur inconnu de l’école française du XVIIIe siècle
Musée des Beaux-Arts de Lille
« Sur le plan de droite figure le seigneur Jean Nicolas de Renescure portant un habit vert à boutons d’or. Au milieu Dame Marie Van der Linden, son épouse en secondes noces. Elle joue du clavecin. A côté du seigneur, Dame Jeanne Mahieu de Burgault en robe rose, tenant un éventail à la main. Près d’elle, son mari Louis Nicolas Taverne seigneur de Beauval, fils d’un premier mariage. Marie Anne Félicité Taverne de Renescure porte le vêtement des jeunes filles des grandes maisons de cette époque. Nicolas Honoré Marie Taverne de Boisforest en habit gris foncé chante avec sa sœur. Nicolas François Taverne de Longchamp, officier de génie, est revêtu d’un habit tirant sur le gris avec parements en velours marron. Il joue du violon. François Taverne de Lamoral en habit mauve est chargé d’exécuter la partie écrite pour la flûte, et Jacques Joseph Nicolas Taverne de Montdhiver celle pour le violoncelle. Jean Nicolas Taverne seigneur de Tersud, encore en jupe avec un bonnet rose, une robe bleue de roi, tient à la main un livre de musique. Demoiselle Henriette Taverne de Renescure est habillée en jeune fille avec une robe mordorée. Le précepteur en habit gris bat la mesure. La Demoiselle Hornaert dame de compagnie en robe capucine a les mains croisées. A gauche dans le fond, Monsieur de Lacoste, officier au régiment du Limousin, monte l’escalier accompagné de sa Dame en robe bleue. Au balcon l’on aperçoit deux femmes de chambre. A droite, derrière M. Taverne de Renescure se tient son domestique nègre.
Dans un coin du tableau à gauche, une autre main a peint Jacques Joseph Nicolas Taverne de Montdhiver, l’héritier du titre de seigneur de Renescure au décès de son père. Ce fut après son mariage avec Demoiselle Anne Marie Coppens d’Hondschoote qu’un artiste peintre fit une seconde reproduction de ce personnage, qui apparaît en mousquetaire ayant à ses côtés sa compagne en robe blanche à ramages.
Jacques Joseph Nicolas Taverne, seigneur de Renescure, de Montdhiver, de Beauval, de Zegerscappel, espier de Saint-Omer et Swynland, après avoir été mousquetaire de la garde du roi et lieutenant du roi d’Hondschoote, fut bourgmestre de la ville de Dunkerque. Pendant son administration, il fit graver une vue de Dunkerque du côté de la mer qu’il dédia à son Altesse Sérénissime Monseigneur le duc de Penthièvre, amiral de France ».
Dédiée à son Altesse sérénissime Monseigneur le Duc de Penthièvre,
Tirée du cabinet de Monsieur Taverne de Renescure.
Fils de TAVERNE François Nicolas, bourgeois de Dunkerque, marchand, négociant, armateur, conseiller de la Chambre de commerce de Dunkerque,
° Dunkerque 2 janvier 1657
x Dunkerque 26 novembre 1679 Laurence HOUWENS, née à Ostende en 1665, fille de Henry HOUWENS (1632-1689), maître charpentier des vaisseaux du Roy
+ Dunkerque 19 juin 1714, 57 ans.
* Nicolas TAVERNE et son frère Guillaume, marchands et bourgeois de Dunkerque, firent enregistrer leurs armes en 1696. Fils de Nicolas et de Jeanne NORMENTYN (alias NORMANTIN), épouse en secondes noces de Pierre DAVERY, ils prirent probablement les armes de leur mère.
cinq trèfles de sinople posés en sautoir ».
Fils de TAVERNE Nicolas
° Dunkerque 27 décembre 1629
x b) Dunkerque 6 février 1656 Jeanne NORMANTIN (Dunkerque 1630-1677)
+ Dunkerque 16 avril 1659, 29 ans.
Fils de TAVERNE Nicolas
° vers 1590
x Oostvleteren (Flandre-Occidentale, Belgique) 22 octobre 1628 Anne DIERYCKX
+ Dunkerque 2 décembre 1639
Fils de TAVERNE Nicolas
° Thérouanne (Pas-de-Calais) vers 1545
x Antoinette METSAERT
+ Dunkerque 15 octobre 1598
Fils de TAVERNE Nicolas
° Thérouanne vers 1520
Issu d’une famille du Languedoc (dont Jehan TAVERNE cité en 1455), il quitta Thérouanne en cendres après le sac de la ville par les troupes de Charles-Quint, et se fixa à Dunkerque en 1553.
La famille de TAVERNE de TERSUD fait partie des familles royalistes dont la Révolution provoqua l’émigration en 1791. Le jeune Joseph Amédée est alors âgé de 14 ans. Plus tard il s’engagera dans l’armée de la coalition des Princes contre la France, puis dans la cavalerie autrichienne.
Joachim MURAT, maréchal d’Empire, beau-frère de l’Empereur et roi de Naples, était rentré dans son royaume le 16 janvier 1813, après la retraite de Russie de la Grande-Armée. MURAT, dans l’espoir de conserver son royaume se rapprochera des Autrichiens et c’est sans doute dans le cadre des tractations austro-napolitaines que Joseph Amédée TAVERNE, officier de cavalerie de l’armée autrichienne, se trouve à Naples où, à l’âge de 35 ans il épouse, le 30 mars 1813, une jeune dunkerquoise qui n’a pas encore tout à fait 18 ans.
Coralie Marianne Augustine THIÉRY est, en effet, née à Dunkerque le 27 avril 1795. Elle est la fille de Louis Bertrand THIÉRY, propriétaire, négociant, né à Dunkerque le 23 novembre 1765, décédé à Paris le 13 juillet 1841, et d’Augustine Donatine Joséphine Thérèse BRUNET de SERVIÈRES, native d’Hardinghen (Pas-de-Calais) vers 1775 et décédée à Paris 1er le 25 juin 1827, âgée de 52 ans.
Par la suite, Joseph Amédée TAVERNE sera blessé et décoré sur le Mincio. La bataille du Mincio, opposant l’armée franco-italienne, commandée par le vice-roi d’Italie Eugène de BEAUHARNAIS, à l’armée autrichienne, s’est déroulée sur les rives du Mincio, en Italie du Nord le 8 février 1814. Joseph Amédée avait alors 36 ans.
Joachim MURAT finira par s’allier aux Autrichiens et déclarera la guerre à Napoléon le 11 novembre 1814.
par Albrecht ADAM
Après Waterloo et la chute de l’Empire et du roi de Naples en 1815, Joseph Amédée rentre à Dunkerque où naîtront deux de ses enfants.
De TAVERNE de TERSUD Émile Jean Nicolas, conservateur des hypothèques
° Dunkerque 29 janvier 1818 à 8 heures du soir. Le père, Joseph de TAVERNE, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, lieutenant-colonel de cavalerie, et la mère, Coralie THIÉRY, se sont mariés à Naples.
Témoins : Alfred THIÉRY, lieutenant au régiment d’artillerie à pied de la garde royale, 24 ans, oncle de l’enfant, actuellement en cette ville, et Henri Louis LECOMTE, concierge de la verrerie, 40 ans, demeurant en cette ville.
x Avallon (Yonne) 1er décembre 1858 Françoise Henriette Lucille BRUNET, née à Avallon le 24 mars 1834, fille de Jacques Henri BRUNET, inspecteur vérificateur d’assurance à la compagnie « La Paternelle », et d’Anne Antoinette Anastasie NÉRIN.
Témoins : Amédée Jean Nicolas TAVERNE de TERSUD, Ulric Jean Nicolas TAVERNE de TERSUD (frère de l’époux), capitaine, chevalier de la légion d’honneur, Pierre Marie Léopold NÉRIN, commandeur de la légion d’honneur, et Paul Charles Louis HOUDAILLE.
De TAVERNE de TERSUD Ernest Jean Nicolas, lieutenant-colonel d’infanterie, directeur de l’École Militaire du Bardo à Tunis, général tunisien.
° Dunkerque 3 novembre 1819 à 2 heures de relevée. Le père, chevalier de Saint-Louis, ancien lieutenant-colonel de cavalerie, signe « Le chevalier De Taverne ».
Témoins : Henri Louis Joseph LECOMTE, concierge de la verrerie, 44 ans (sic), et Philippe Jacques SAVARY, chapelier, 60 ans, demeurant tous deux en cette ville.
x Carthage (Tunisie) 3 août 1856 Adèle MONGE.
+ Tunis 12 août 1861, 41 ans.
* Lieutenant d’infanterie, il fit partie, en 1847, de la mission militaire française en Tunisie et demeura jusqu’à sa mort au service du Bey. Capitaine, le 23 avril 1849, puis chef de bataillon, le 12 avril 1855, il assuma la direction de l’école militaire tunisienne à partir de 1855 et fut promu au grade de lieutenant-colonel quelques mois avant sa mort le 12 août 1861.
Le Bey lui avait donné le rang de général tunisien. L’école militaire du Bardo, aussi appelée école polytechnique du Bardo, était la première école moderne en Tunisie. Fondée peu avant 1840 par Ahmed 1er Bey, elle fut fermée en 1864 par Sadok Bey à cause de la crise financière.
De TAVERNE de TERSUD Ulric Jean Nicolas, Capitaine, chevalier de la légion d’honneur
° Paris 27 juin 1822
+ Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise) 26 octobre 1892, célibataire, 70 ans.
* Chevalier de la Légion d’Honneur le 12 août 1862. Il est alors Lieutenant au 11e régiment de chasseurs à pied et est domicilié à Meulan-sur-Seine (Seine-et-Oise).
Revenu à Dunkerque, et à la vie civile, Joseph Amédée TAVERNE de TERSUD ancien officier supérieur de cavalerie, rachète la verrerie de son beau-frère, Louis Bertrand THIÉRY.
En 1816, il agrandit son établissement en achetant le cabaret où pendait l’enseigne « A Sainte-Barbe », situé à l’angle de la rue du Milieu (rue de l’Abbé Choquet) et de la rue de la Verrerie, dans lequel se réunissaient précédemment les confrères de la Société Saint-Georges.
La faillite de la verrerie Meurillon lui fournit l’occasion d’un nouvel agrandissement. Le 14 janvier 1819, il rachète à la veuve MEURILLON la verrerie qui consistait en : « un local où se trouve le corps de four et les arches constantes en briques et couvert en tuiles dites pannes, de deux autres locaux tenant ensemble dont l’un désigné chambre à pots, l’autre emplacement du moulin, des maisonnettes en briques, un logement de concierge, corps de pompes et puits ». Acte de vente devant le notaire VAILLANT.
Il suffisait de percer une porte dans le mur mitoyen pour faire communiquer les deux établissements.
Mais TAVERNE, pour conserver à chaque verrerie son titre particulier et éviter l’arrivée d’un concurrent, mit cet achat au nom de son fils mineur, Amédée Jean Nicolas (Émile Jean Nicolas), alors âgé de huit ans (six ans).
Désormais les deux verreries n’en firent plus qu’une.
Cependant TAVERNE, pour des raisons de santé, voulut quitter Dunkerque. Il vendit l’ancienne verrerie royale, le 10 août 1824, à Prosper CHARLIER, maître en verrerie, demeurant à Douai, Charles Édouard CARPENTIER-MANCEL, marchand de verreries à Saint-Omer, et à la maison Vve DUPOUY de Dunkerque.
Voulant se débarrasser également de l’ancienne verrerie Meurillon, qui faisait corps avec la précédente, il dut se faire autoriser par un Conseil de famille, cette verrerie étant mise au nom de son fils mineur. Mais le Tribunal Civil refusa d’abord d’homologuer cette délibération. Il recommença la procédure et obtint gain de cause (jugement du Tribunal Civil de Dunkerque du 28 janvier 1825). La verrerie Meurillon fut adjugée, le 5 mai 1825 à Auguste DUPOUY et consorts.
D’après l’article de Louis Lemaire « Les anciennes verreries de Dunkerque. Une page d’Histoire économique », paru dans la Revue du Nord en 1934.
Les ennuis de santé de Joseph Amédée ne durèrent sans doute qu’un temps puisqu’il reprend du service dans la cavalerie. Il est appelé, en 1832, à remplacer le baron Frédéric Auguste de GUENTZ à la direction du haras royal de Braine dans le Soissonnais, dépôt des étalons de la cavalerie de l’armée française dont la création date de 1816.
« Le Baron de Guentz est remplacé par un officier en retraite, ancien lieutenant-colonel, Joseph de Taverne, chevalier de l’ordre royal et militaire de la Légion d’Honneur… Ce Joseph de Taverne de Renescure est un émigré de 1791, volontaire dans l’armée des Princes, puis dans la cavalerie autrichienne, blessé et décoré sur le Mincio ».
Le 15 mars 1835, il sera élu chef de bataillon de la Garde Nationale de Braine à l’unanimité des votants. Il a alors 57 ans.
Joseph de TAVERNE, directeur du dépôt d’étalons, lieutenant-colonel en retraite et chef de bataillon cantonal, meurt à Braine (Aisne) le 10 avril 1837 à 3 heures du matin et il y est inhumé. La déclaration de décès a été faite par Gabriel Henry DESMAZIS, agent comptable du dépôt royal d’étalons établi à Braine, 27 ans, et par Antoine Placide CHRÉTIEN, propriétaire et aubergiste, 57 ans, demeurant tous deux à Braine.
Sa veuve, Coralie THIÉRY ira habiter Paris en 1847 où elle décédera, rentière, âgée de 86 ans, le 29 janvier 1882 à 8 heures du matin, 30, rue de Clichy, Paris 9e. La déclaration de son décès est faite le lendemain par son fils, Ulric Jean Nicolas de TAVERNE, 59 ans, capitaine en retraite, demeurant à Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise), et par Georges TROUVAIN, 43 ans, propriétaire, demeurant 24, rue Grange-Batelière 9e arrondissement.
